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Le 10 juin 2021

Alhou, le sport avant tout

Pierre Duquesne, journaliste, a animé en avril et mai des ateliers d’écriture à l’association la Passerelle (Vaux-le-Pénil), avec l’aide de l’équipe. 10 résidents ont couché par écrit des récits sur leur vie, leurs préoccupations, leurs rêves.

Nous vous invitons à découvrir le texte d’Alhou. 

Son nom était floqué en blanc, en lettres majuscules, sur un maillot du Liverpool FC. Alhou est un footballeur malheureux, frustré de ne plus croiser ses potes du club du Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne). Mais cet insatiable sportif a découvert, durant le confinement, qu’il pouvait entraîner les autres dans sa passion dévorante du sport.

Les salles de sports sont fermées et faire un match de foot est devenu impossible. Mais je ne peux pas vivre sans faire de sport, rester sans faire d’activités physiques. J’étais inscrit dans une salle Basics Fit, à Melun. En vacances, j’y allais tous les jours. Quand j’ai commencé à travailler, c’était plutôt deux ou trois fois par semaines. Je suis aussi licencié au club de foot du Mée-sur-Seine, où je suis attaquant depuis trois ans. On a commencé la saison en Régionale 3, mais on n’a pas pu la terminer. Les matches ont été stoppés lors du deuxième confinement, en novembre.

C’est une année blanche.

Au début, il y avait toujours les entraînements une fois par semaine, au club, mais vu qu’il n’y avait pas assez de monde, j’ai décidé d’arrêter. S’entraîner à moins de dix, cela n’a pas de sens. Faire des exercices techniques, des ateliers, c’est bien, mais le football, c’est d’abord et avant tout jouer avec le ballon. C’est aussi un sport d’équipe. Au stade, on était tous ensemble. Le club, ce sont des rencontres, des expériences nouvelles. Depuis que le foot s’est arrêté, je n’ai pas vu certains copains depuis trois ou cinq mois. C’est dur.

Résultat : je fais du sport tout seul. Tous les week-end, je cours. 45 minutes, parfois 1 h 20. ça dépend. Je peux faire 15 km, et même plus. Quand je ne suis pas bien physiquement, je cours. Quand je n’ai rien à faire, je cours. Le soir, je cours. Le matin, je cours. A chaque fois que je rentre du travail, je fais 100 pompes. Je suis toujours motivé. Jamais fatigué. 

Avec le sport, tu ne peux pas t’ennuyer. Le sport me permet d’être bien dans mon corps et dans mon esprit. Grâce à cela, je suis plus dynamique au boulot – je suis électricien. La salle de sport, elle a rouvert après le premier confinement, même si cela n’a pas duré longtemps. Je fais de la corde à sauter chez moi. J’utilise une roulette pour me gainer et me muscler.

Ce n’est pas la même chose de faire du sport avec quelqu’un ou tout seul. Alors, pendant le premier confinement, je me suis mis à entraîner des copains. Les inciter à faire du sport, d’abord. Je vivais avec eux à Sivry. Ils n’étaient pas sportifs. Je leur disais :
« Viens avec moi, je vais te montrer, tu vas mieux dormir la nuit.»  Le premier jour, on a fait dix minutes d’échauffement. Et on a enchaîné. Exercices, squats. Pompes. Même pendant le ramadan. Au départ, je voulais être militaire. Un homme, pour moi, ça doit être sportif, ne pas être fragile. Il ne doit pas être non plus paresseux. Le sport m’apporte ces deux éléments. Pour le sport, je peux tout arrêter, y compris mon travail. C’est ma passion. Des fois, je me dis que j’aimerais bien être entraîneur, mais il faut faire des formations…

Alhou