communiqué de presse – 22 juin 2023
Après les conclusions du CNR – Logement le 5 juin et celles du CNR – Jeunesse hier par Elisabeth Borne, après les annonces du plan Logement d’Abord 2 mercredi dernier par le ministre Olivier Klein et celles du plan quinquennal d’Action Logement la semaine précédente, les planètes vont-elles enfin s’aligner pour fonder une politique publique de jeunesse cohérente, en particulier sur le volet si déterminant de l’habitat des jeunes ?
Concernant le CNR – Jeunesse, en décembre dernier, la Première ministre avait en effet annoncé qu’elle engageait des « Rencontres Jeunesse de Matignon » destinées à consulter les jeunes sur leurs principales préoccupations : vie quotidienne, avenir professionnel, transition écologique, égalité des chances et engagement citoyen. Mais peut-on parler de « politique de jeunesse » quand les annonces gouvernementales consistent en une accumulation de mesures, pour certaines déjà existantes, sans véritable cohérence ? La méthode et les moyens engagés dans le CNR – Jeunesse n’ont pas permis d’aborder des mesures structurelles et transversales. Sans calendrier ni processus démocratique de prise de décision, il était prévisible que la démarche n’ait pas l’écho politique souhaité.
L’Unhaj se félicite cependant que le CNR – Jeunesse appelle à un « renouveau des Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT) » afin de repenser le lien entre politique de jeunesse, de l’emploi et du logement. C’est une nouvelle fois l’expression positive de la place que doivent occuper les FJT dans les politiques publiques (IGEDD, CNR – Logement, plan Logement d’Abord, …). Elle est salutaire et est le fruit d’une prise de conscience politique qui doit aujourd’hui se traduire en action plus concrète. Plus globalement, l’Unhaj regrette le manque d’ambition de la part du Gouvernement sur la question du logement des jeunes actifs, alors qu’ils connaissent plus que jamais des difficultés pour y accéder ou s’y maintenir.
« Le CNR – Jeunesse, en tant qu’espace de concertation, aurait pu donner l’occasion de faire échanger les acteurs incontournables des FJT tels qu’Action Logement ou la CNAF, les représentants d’employeurs et de salariés autant que les acteurs des politiques de solidarité » note Evanne Jeanne-Rose, vice-président de l’Unhaj et participant au CNR – Jeunesse au nom du CESE.
Concernant le plan quinquennal Action logement, l’Unhaj se réjouit qu’un accord ait pu être trouvé entre l’État et les partenaires sociaux d’Action Logement, autour de 3 thématiques qui lui semblent majeures, à savoir accompagner les salariés – y compris les jeunes – dans leur parcours résidentiel en lien avec l’emploi, répondre à la diversité des besoins dans les territoires métropolitains et ultra-marins et contribuer à la transition écologique et à la stratégie bas-carbone. Si elle salue l’objectif ambitieux d’éradication des passoires thermiques que se fixe le groupe, elle espère que les résidences Habitat Jeunes, pour bon nombre propriétés de filiales Action Logement Immobilier, pourront y contribuer pleinement. Le soutien à la production de logements abordables pour les jeunes en revanche risque de marquer le pas : l’Unhaj fait remarquer que les financements du plan d’investissement volontaire (2021-2022) subventionnaient efficacement la production de logements pour les jeunes, dont des résidences sociales – FJT.
Enfin, l’Unhaj relève que le Gouvernement et Action Logement s’attachent au maintien ou au renforcement de certaines aides (montée en puissance de la garantie Visale, augmentation de l’enveloppe dédiée à l’accompagnement des salariés les plus fragiles dans l’accès et le maintien dans le logement, poursuite de l’aide MOBILI-JEUNE®), mais souligne qu’un contexte très incertain rend les trajectoires des jeunes extrêmement chaotiques. La mise en place il y a un an du Contrat Engagement Jeunes (CEJ), aux contraintes plus strictes que la Garantie Jeunes l’ayant précédé, entraine nombre de jeunes vers des situations particulièrement difficiles, notamment pour accéder ou se maintenir dans un logement. Couplé à la réforme des APL, voilà de quoi expliquer la hausse des demandes du fonds d’urgence « coup de pouce » expérimenté depuis 2020 pour compenser les heurts dans leurs parcours et ainsi éviter leur basculement dans la précarité. Aussi et à court terme, l’Unhaj appelle à la pérennisation du fonds « coup de pouce », laquelle s’avère plus que nécessaire.
« L’Unhaj demande que ces annonces multiples en silos fassent l’objet d’un véritable portage politique global concernant les politiques de jeunesse et celle de l’habitat des jeunes en particulier, avec des précisions et outils concrets au service des objectifs annoncés, qu’elles soient mises à l’ordre du jour d’un comité interministériel et que l’ensemble des parties prenantes puissent passer à l’action » conclut Evanne Jeanne-Rose.
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